
Le 6 juillet 2013, sur l’invitation de FLL, une rencontre avec Ingrid Betancourt, célèbre ancienne candidate-otage aux élections présidentielles en Colombie et grande amie de la Résistance iranienne a été organisée à Paris. Mme Betancourt s’y est expliquée aux amis de l’association FLL sur la situation des camps d’Achraf et de Liberty et sur les projets de soutien à leurs habitants. Un nombre de membres donateurs de FLL ont participé à la rencontre, où l’une des victimes des atrocités des forces irakiennes en Irak en avril 2011 contre les résidents du camp d’Achraf a également pris la parole pour expliquer comment il a pu, grâce au soutien des associations telles que FLL, se voir transférer en Europe pour être soigné et retrouver sa santé.
Ingrid Betancourt s’exprime sur le projet d’Achraf

Points forts du discours de Mme Betancourt le 6 juillet 2013 à Paris
La mobilisation ça coûte beaucoup d’argent. Pourquoi ? Parce qu’il faut aller chercher les gens, les convaincre, leur parler, et puis les ramener, leur demander de parler, eux aussi. Parce qu’il nous faut des voix qui aient de la crédibilité, qui puissent comprendre ce qui se passe et en parler. Il faut pouvoir ramener des gens. D’abord parce que nous avons besoin que l’ONU regarde, ensuite parce que nous avons besoin de fonds pour sortir les blessés d’Achraf, et pour sortir les Achrafiens de l’Irak. Il faut reconstruire la résistance là où elle peut être construite dans des pays surs, qui permette la liberté de penser, et j’espère que la France sera un pays d’accueil. Mais pour cela il faut aussi nous mobiliser. Pour l’instant ce n’est que l’Italie qui a ouvert un peu les portes et puis un peu l’Albanie. Il y a en ce moment, à travers cette association qui nous a invité, ce qu’ils appellent le projet Liberty. Je voudrais vous en parler car je pense que là nous avons quelque chose de concret, sur lequel on peut tous aider, et qui va donner des fruits rapidement. C’est un projet qui commence maintenant parce que nous savons traditionnellement que le régime iranien profite des vacances européennes pour massacrer. Pour que les regards du monde soient sur Achraf, comment faisons-nous ? Vous connaissez le sit-in à Genève.

Participer à un sit-in à Genève, c’est très courageux. D’abord parce que parfois il fait froid et il pleut bien souvent. Et puis il y a tous les jours, week-end compris, qu’il pleuve ou qu’il vente, 24 h sur 24 des personnes qui disent : nous sommes ici, écoutez-nous ! Le risque c’est de devenir une partie du paysage, que les fonctionnaires commencent à passer sans plus les voir. Mais il faut se dire que même quand nous voulons ignorer l’évidence, notre conscience nous le rappelle. Il faudra qu’on soit plus nombreux, avec des personnages que la presse, suisse et étrangère, puisse remarquer, de façon que les fonctionnaires dans les établissements et les organismes internationaux dont le siège est à Genève réagissent. Il y a la nécessité de faire aller des témoins à New York, parce qu’il va y avoir une discussion au Conseil de Sécurité de l’ONU sur le thème d’Achraf. Il est très important d’avoir des témoignages, des personnes qui puissent raconter ce qui s’est passé. Pour cela, ce sont les frais d’avions, de logement.
Et puis il y a la nécessité d’avoir le soutien d’avocats qui aident, nous informent sur la procédure, nous mettent en contact avec des gens à qui il faut parler, et nous permettent de rendre ces témoins efficaces. Il faut aussi des actions publicitaires, parce que face à la désinformation du gouvernement des mollahs, il y a le silence complice de la presse mondiale. Alors il faut de la publicité, il faut payer, nous ne pourrons pas faire autrement jusqu’à ce que le monde s’intéresse à cette cause de façon spontanée. Lorsque vous parlez avec vos amis pour leur demander un soutien pour Achraf, rappelez-vous des témoignages entendus aujourd’hui, nous avons peut-être la plus belle cause en ce moment à soutenir. Il y a beaucoup de causes dans le monde, mais celle-ci est particulièrement indispensable. L’Iran c’est la bombe nucléaire, c’est les femmes, c’est le droit à avoir des gouvernements qui ne soient pas liés à des concepts religieux et donc fanatisant. C’est tout l’acquis de l’Occident qui est en jeu. Nous avons nous, les femmes qui sommes ici aujourd’hui des droits, parce qu’avant nous il y a eu des femmes qui se sont battues comme les femmes iraniennes se battent aujourd’hui. Si nous n’avons pas été actives à cette époque parce que nous n’étions pas nées, soyons actives aujourd’hui à leurs côtés.